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  • Photo du rédacteurMarjory Duprés

MÉMOIRE VIRTUELLE Love Letters _ Amour 2.0


Love Letters _ Amour 2.0

Ce projet est une mémoire virtuelle des ateliers transmedia :

Love letters de la Cie Jours dansants - Marjory Duprés


INSTAGRAM :

https://www.instagram.com/loveletters_amour2.0/


Textes de Marjory Duprés

et/ou issus des ateliers d'écriture partagée avec les habitants de Laon


DISTANCE

Mon amour,


Je ne sais si mes mots te parviendront un jour, je n'ai plus ni l'argent en poche ni le goût de nos baisers sur la langue pour franchir l'océan de silence qui nous sépare. La mer m'a rejeté sur le rivage de l'autre côté, desséché, rempli de sel. J'ai arraché chaque soupir à la terre depuis mon arrivée. Pire, pire situation jamais trouvée. Corps mort à l'éternité. Mort des mauvais choix, de mes doutes, de l'incapacité à dire, à temps- il est encore temps, je t'aime. Les mots me font mal, ils arrachent des bouts de mon corps sans aucune pitié. Lambeaux. Je me souviens de tes yeux couleur d'encre et d'alarme, des airs de jachère sur ta peau, quand je t'ai laissée, dévastée, panique dans le désert de fumée. Depuis toi, ma vie n'a qu'un goût de train raté. Mauvais endroit, mauvais moment. Je t'écris sur un coin de nappe, sans savoir où je dors ce soir. Ni hier, ni demain. Je poursuis ma fuite sans l'extase de l'oubli. Ma lettre ne t'arrivera sans doute jamais, mes mots ne s'imprimeront pas sur tes yeux couleur d'encre. La lumière qui m'a fait te hisser au dessus de toutes les autres, garde là. Tu es une et chacune à la fois. Aucune n'est plus belle que toi. Rien ne m'empêchera de crier ton nom à la nuit bleue.


Texte : Marjory Duprés




LOVE AT FIRST SIGHT

5h40, Quai de la Gare


Il est vraiment trop tôt, chaque réveil lui donne envie de replonger, d’oublier qu’il est là, vivant, allez, lève toi, il est l’heure, il faut se lever. Heureusement, le bruit des oiseaux vient le soulager, ça lui fait se projeter au dehors, imaginer le ciel, les branches, la vie qui gazouille, oublier les draps, les pantoufles, le café.

Il a neigé hier et tout est blanc, immaculé. Seules quelques traces la précèdent sur le quai, mais elle ne voit rien.

La brume dilate les lumières de la ville, le brouillard est épais, traversé de taches rouges, jaunes et violettes. Une pancarte agaçante grince, façon vieux film de Western.

Ça lui rappelle les montagnes, le brouillard et les rizières la nuit, le tuc tuc pour arriver au village. Cette purée de poids à chaque hiver, l’eau chaude qu’il fallait faire bouillir pour prendre sa douche, accroupis comme des gosses.

Elle tient à la main une valise qui semble déborder  Impossible de se repérer ni de lire les informations du voyage

Ses lunettes rondes sont remplies de buée Il tourne sa tête de droite à gauche, ne sait pas s’il est sur le bon quai, il ne comprend rien à l’écriture sur les pancartes, il s’apprête à repartir dans l’autre sens quand un uppercut à la joue le laisse KO.

Elle se retrouve subitement à quatre pattes, collant troué au niveau du genou, à ramasser ses affaires personnelles sorties de sa grosse valise mal fermée.  Tout dans son oeil trahit la surprise, pourquoi l’a il bousculée ainsi? À la stupeur de cette collision, s’ajoute le dégoût pour ces yeux trop noirs, sa barbe trop longue pour être honnête, cette bouche ourlée à faire peur.…


C’est qui cette conne ?


Texte : Marjory Duprés



SMS

Dans la vraie vie, tu m’calcules pas Quand j’te vois, c’est toujours de loin Silhouette avec sac à dos, checks avec tes potes, groupe serré qui laisse aucune place à l’extérieur In Real life Tu me vois pas, j’suis invisible, essaie d’ouvrir tes yeux plus grand Mon regard te rejoins et j’imagine qu’on part, on passe la grille et le rêve commence Trampoline, je saute et je rebondis dans tes bras Tu déconnes, pourquoi t’es pas venu tout à l’heure ? Qu’est ce tu fais ? T’es où ? Mais t’es où ? Parfois je me sens si proche de toi, quand on s’écrit, comme si les touches du téléphone étaient ta peau, ici on peut tout se dire, ne pas cacher les mots derrière un visage timide, ici, mon esprit est si léger, il se connecte à toi, il oublie la gêne et la limite Nos textos ont l’épaisseur de la chair et la légèreté du nuage Ici tu m’aimes, je t’aime In game Pourquoi tu m’as pas embrassé tout à l’heure ? Tu viens à la fête ce week-end ?

Texte : Marjory Duprés


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