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  • Photo du rédacteurMarjory Duprés

CARNET DE BORD LAB Danse & Résilience

Dernière mise à jour : 12 mars 2019


Atelier des artistes en exil (Paris 18ème)

Avec Truong Lam, ostéopathe




Quand j'ai retrouvé Truong, le premier jour, il m'a dit : "J'ai laissé tomber mes notes".

Quand on pense à la rencontre, il y a toujours ce que cela bouleverse en soi.

On a beau s'y être préparé, penser les avants et les après, on est toujours pris au dépourvu.


L'ostéopathie et la danse m'ont toujours semblé aller ensemble.


Jeter une amarre, quitter la mer, rendre son poids, enfin, à la terre.

Cela m'a toujours fascinée, la capacité d'écoute qu'ont les ostéo, le silence de leurs déductions, l'assurance de leur prise, comme s'ils.elles pouvaient te briser en deux, et puis non, dans la douceur, dans l'échange de pensées, on relie les choses entre elles et l'on sent son corps un plus en entier.


Alors, on a commencé par respirer :

R . E . S . P I . R E . R

On a parlé des trois respirations et du fonctionnement du diaphragme, sans être trop technique, mais quand même :


Cloison musculaire et tendineuse, en forme de coupole, séparant les cavités thoracique et abdominale et jouant un rôle essentiel dans la respiration.


Muscle en forme de parachute qui fait le lien entre le haut et le bas du corps.

Et qui est relié au même endroit que le psoas qui, s'il est stressé, peut nous enlever beaucoup d'équilibre.



Ce n'est pas sans risque d'adapter des savoirs acquis pour les mettre à l'endroit du commun, hors du cadre "habituel" et sans enjeu thérapeutique direct.


Nous avons réalisé, lors de ce premier cadre d'échange et de pratique, que l'enjeu était peut être d'accepter que la transformation, sans injonction ni de durée ni de résultat, se fasse à l'endroit du "Je", du jeu (game) et du jeu (élasticité).


La transmission et la création se tiennent là, à l'endroit du suspens, de l'écoute et du deux, incarnation et témoin.



Nous avons cherché à donner à l'incertitude une voie, prenant le savoir à rebrousse poil. Allant vers des stratégies d'écoute, du sentir pour déjouer le volontaire.

Faire taire la tête et allumer le désir.

Déplacer notre attention "à l'intérieur", sur les sensations, pour goûter des mobilités nouvelles, suivre leur cheminement et leur impulsion.

Placer "à l'extérieur" des contraintes pour redonner à l'aléatoire valeur déterminante, à l'endroit de la présence, de l'écoute et des autres.

Se retrouver dedans et dehors à la fois, planètes conscientes et sans horloge, créant et suivant des trajectoires fluides, qui n'ont nul besoin d'être sues à l'avance pour être pressenties.


Reconnaitre, avec le groupe, que nos sensations ne sont pas les mêmes, que nous ne sommes pas les mêmes, que l'équilibre pour chacun.e se place entre la solitude absolument nécessaire et la confiance d'être avec.

" Ne plus retenir son souffle"

" Respirer un peu"

" Souffler"


Le pari du laboratoire Danse & Résilience est l'endroit du risque : celui du partage, de la durée du voyage, du surcroit et de l'équilibre : entre un dedans et un dehors, du sentir et du voir, la solitude et les vécus communs.



 

Atelier des artistes en exil (Paris 18ème)

Avec Pascal Rossigneux Delage, haptothérapeute



TACT

Empr. au lat. tactus « action de toucher; sens du toucher », dér. de tangere « toucher » (cf. tangent, tangible).



Le tact est en français à la fois « sens du toucher », « faculté de juger rapidement » et

« appréciation intuitive de ce qu'il convient de dire ou de faire dans les relations humaines», une forme toute spéciale de délicatesse qui renvoie à la capacité de (se) sentir (avec) l'autre.


La forme de tact, dont Pascale Rossigneux Delage, hapto-thérapeute (du grec haptum : tact/toucher), nous fait partager l'expérience est d'une autre nature que le sens commun.


Elle est à la fois tangible, personnelle en même temps que partagée.

Elle concerne la nature de nos liens avec la vulnérabilité.

Elle transforme les réactions intimes plus loin que ce dont chacun.e se pense capable.

Elle concerne la qualité de présence : l'"être avec".


Dans la capacité à se "proroger", à peupler le vide entre deux points de l'espace, à créer des prolongements sensibles (à la fois tangibles et imaginaires) dans le corps de l'autre, se noue également la possibilité d'un ancrage et d'un lâcher prise :

toucher un tiers-lieu, utopie de la relation, où ni guide ni guidé, la volonté fait place à la perpétuelle transformation avec l'autre et l'espace.


When the body becomes all eyes.



" Sentir la sécurité qu’apporte l’être avec l’autre.

D’abord, chacun.e a accepté de se prêter, individuellement, à l’expérience de la transformation de sa propre vulnérabilité, par le contact haptonomique (psychotactile-affectif) : être avec moi, en présence des autres, dans la bienveillance.


Puis, nous avons éveillé l'endroit de la perception de l’autre par l’intermédiaire d’une baguette pour être à deux. Non qu'être à deux signifie forcément l'addition ou la soustraction, il s'agit de trouver l'espace "entre", le 1+1 = 3, lieu où l'on fait exister l'espace libre d'un échange consenti : "entre nous".


Allongés, nous avons senti, perçu et rejoint l’espace dans toutes les directions, intégré le décor autour, les sons et les personnes présentes pour créer un cercle d'écoute

(circumcensus)


Debout, nous avons senti que nous pouvions laisser aller la lutte pour l'équilibre à l'endroit de l'ancrage, sentir un enracinement et le prolongement de l'espace sous les pieds, dans ce lieu, avec les participants. Jouer avec le socle plutôt que lutter contre la gravité. Accepter de ne plus trébucher et de sentir l'être tranquille dans le transfert de son poids à la terre et l'aplomb verticale d'une posture juste.

Se déplacer ainsi dans l’espace en gardant

ce rapport juste à la terre et au ciel, à moi et aux autres


Refaire. Le lien d’index à index, via une baguette. S'inviter à être pleinement avec l’autre. Oublier son projet, Son objectif... pour juste partager ce moment avec.

Oublier.

Expérimenter l'abandon. Etre guidé en fermant les yeux.

Changer de rôle, puis de partenaire.

A deux.

A trois.

A quatre.

Puis les 7 ensemble.

Respecter les pauses, les "still point", suspens d'écoute où plus rien n'est prévisible ni de soi ni de l'autre que de laisser venir ce qui advient au delà de l'instant, la potentialité du geste partagé.


Quitter enfin l'objet pour être dans le contact avec l’autre, et par les épaules, créer une boucle entre produire et recevoir.


Je ressors éblouie par la pleine participation de ces personnes qui ont des préoccupations quotidiennes, qui ont vécu des événements de vie traumatiques et qui vivent certainement des situations de précarité, par leur capacité à vivre le présent et à s'abandonner avec nous à l'expérience de la bienveillance. Recréer un temps une communauté de regard et de vécu.


La rencontre entre l'haptonomie et la danse a crée un climat d’être ensemble, de réceptivité, et de présence, pour aller vers la danse.

Ça dansait entre eux. "


Pascale Rossigneux Delage


 

Carnet de bord visuel réalisé par Tiffany Duprés.

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